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Fiche UNESCO

Séville, Espagne
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Cathédrale, Alcázar et Archivo de Indias de Séville au patrimoine de l'UNESCO

Date d’inscription au patrimoine mondial de l'humanité: 1986

Justification de l'inscription du centre historique de Séville par l'UNESCO: « A la demande de l'ICOMOS, le gouvernement espagnol a réuni dans une même proposition d'inscription trois monuments insignes de Séville, la Cathédrale, l'Alcazar et la Lonja, qui devaient initialement faire l'objet de propositions séparées. La proximité de ces trois monuments au cœur de la ville, leur évidente complémentarité donnent à cette proposition, ou tous les temps forts de l'histoire de Séville sont représentés, un maximum de cohérence.
La Cathédrale, l'un des Edifices religieux les plus vastes et les plus ornés du monde, résume dans sa structure complexe les vicissitudes d'une histoire trouble : elle incorpore dans la
Chapelle de la Granada quelques chapiteaux wisigothiques, derniers vestiges de la cathédrale primitive que la conquête arabe de 712 condamna à la destruction; mais elle est surtout un des témoins majeurs de l'apogée almohade. Devenue, à partir de 1147, capitale d'un empire musulman qui s'étendait sur tout le Maghreb, Séville se couvrit de monuments dont les voyageurs arabes se plurent à signaler la splendeur : la Giralda, ancien minaret de la Grande Mosquée construit de 1172 a 1198 par l'émir Yaqoub al-Mansour, rivalise par ses dimensions et par l'élégance de son décor avec la Koutoubia de Marrakech et la Tour Hassan de Rabat, les deux autres monuments majeurs de l'époque.
Devenu tour campanaire après la reconquête de Séville (1248), le minaret échappa à la destruction et fut couronné au XVIe siecle par la statue en bronze de la Foi qui fait office de girouette (Giraldillo) à 97,52m d'altitude.
La seule autre partie de la Cathédrale qui conserve un souvenir de la Grande Mosquée est, au nord, le Patio de los Naranjos, merveilleux jardin intérieur A mi-chemin entre un sahn et un cloitre.
L'ambition des chrétiens fut en effet de substituer à la mosquée, détruite à partir de 1401, une cathédrale gothique incomparable. En 1420, s'ouvrit à Séville l'un des plus grands chantiers internationaux du XVe siècle où se succédèrent les plus illustres architectes et sculpteurs espagnols, flamands et allemands. La prospérité de Séville après la découverte du Nouveau Monde renforça encore les moyens financiers considérables mis en œuvre pour l’érection et l'embellissement de la Cathédrale qui reçut au XVIe siècle une incomparable parure de vitraux, de retables, de grilles et de stalles. Au XVIIe siècle, la Cathédrale bénéficie toujours de très riches donations, se couvrant de sculptures baroques et de tableaux des grands peintres sévillans Murillo et Valdes Leal.
L'Alcazar et ses jardins ne sont pas moins représentatifs que la Cathédrale des phases essentielles de l'histoire de Séville. Ce palais-forteresse fut édifié dis 712 par les conquérants arabes pour contrôler le Guadalquivir et conserve une enceinte crénelée
d'époque almohade ainsi que plusieurs espaces intérieurs, antérieurs à la Reconquête (Patio de las Muñecas, Patio del Yeso).
En 1248, il devint résidence royale et fut réaménagé dés le règne de Pierre le Cruel (1350-1369) : le palais élèvé à l'intérieur de l’Alcazar de 1364 à 1366 illustre le syncrétisme propre à l'art mudijar qui emprunte ses techniques et son vocabulaire décoratif à l'art arabe d'Andalousie Plus que tout autre espace et en dépit de la surélévation subie au XVIe siècle, le Patio de las Doncellas (Patio des Demoiselles) est évocateur d'une esthétique captivante qui survhcut à la christianisation avec les stucs finement travailles, les plafonds artesonados, les azulejos des galeries, la fontaine qui sourd au centre de la tour.
Les travaux entrepris du XVe au XVIIe siècle respectèrent partiellement le palais de Pierre le Cruel (dont le salon des Ambassadeurs est un témoin prestigieux) et surtout les dispositions générales de l'Alcazar et de ses jardins : si chaque siècle a imposé sa marque au décor des appartements, des fontaines ou des pavillons, la tradition raffinée d'un palais andalou s'est maintenue intacte.
Le troisième monument inclus dans la proposition d'inscription, la Lonja, située entre la Cathédrale et l'Alcazar, n'est pas comme ces deux premiers le produit de civilisations rivales et d'époques successives.
Pour contrôler le commerce avec les colonies d'Amérique, Philippe II décida la construction d'une nouvelle "Casa de Contratacion" dont les plans furent exécutés par Juan de Herrera, Son architecte favori. Cette ‘bourse’ devait succéder a un établissement analogue, installé; depuis 1503 dans les dépendances de l'Alcazar. Le palais dessiné par Herrera s'éleva, dans le style sévère affectionné par l'architecte de l'Escorial, de 1583 à 1598 mais, même après les derniers travaux de 1649, la "Casa de Contratacion" n'occupa jamais le siège prévu. Après diverses affectations temporaires, la Lonja devint en 1784 l'Archivo general de Indias et abrita à partir de 1790 toutes les collections historiques et diplomatiques relatives aux colonies d'Amérique. »

Orangers, Cathédrale de Séville

Evaluation de l'UNESCO : « L'ICOMOS recommande l'inscription du complexe monumental formé par la Cathédrale, l’Alcazar et la Lonja de Séville sur la Liste du Patrimoine mondial au titre des critères I, II, III et VI.
- Critère I. Dans le périmètre restreint couvert par la proposition, la Giralda constitue une réalisation artistique unique, un chef-d'oeuvre de l'architecture almohade. L'immense
Cathédrale à cinq nefs qui a succédé à la mosquée est le plus grand édifice gothique d'Europe. L'espace elliptique du Cabildo créé par Hernan Ruiz est l'une des plus belles créations architecturales de la Renaissance.
- Critère II. L'influence de la Giralda s'est exercée sur de nombreuses tours en Espagne et, après la conquête, en Amérique.
- Critère III. La Cathédrale et l’Alcazar de Séville apportent un témoignage exceptionnel sur la civilisation des Almohades et sur l'Andalousie chrétienne, toute pénétrée d'influences maures de la reconquête de 1248 au XVIe siècle.
- Critère VI. La Cathédrale, l’Alcazar et la Lonja sont directement et matériellement associés à un évènement de portée universelle : la découverte du Nouveau Monde par Colomb en 1492-1493. C'est dans la Cathédrale que se trouve le tombeau de Christophe Colomb. C'est dans la Salle des Amiraux que furent préparées quelques-unes des plus grandes explorations, notamment la circumnavigation du monde par Magellan et S. del Cano (1519-
1522). C'est dans la Lonja que sont conservées les archives les plus précieuses des colonies d'Amérique. »